2. Problèmes à l’origine des difficultés chez les seniors
La transition entre ces succès et le haut niveau senior se révèlent compliquées.
La défaillance au niveau des seniors repose sur plusieurs failles structurelles :
La fuite des talents à l’étranger
De nombreux jeunes joueurs prometteurs quittent le pays pour l’étranger, attirés par les opportunités universitaires et professionnelles offertes aux États-Unis et en Europe, avec des systèmes étrangers où le calendrier FIBA est souvent incompatible avec leurs engagements académiques. Cette situation complique leur participation aux compétitions internationales avec l’équipe nationale. Encore Coach Alhadji Dicko nous explique clairement ici ce cas :
« La difficulté, c’est que généralement les joueurs qui prennent les Coupes d’Afrique en junior, tu trouveras des bacheliers pour la plupart. Dont 90 % des joueurs obtiennent des bourses universitaires pour les Etats-Unis, 5 % pour les championnats européens, 2 % pour les pays du Golfe et le Maghreb et 3 % restent au Mali. Et dans le système universitaire Américaine, ils ont aucune obligation de laisser nos joueurs de participer à des compétitions africaines ni à aucune autre d’ailleurs.
Chez eux et ils sont à l’école, ce sont les études qui sont privilégiées mais en dehors ça et ils ont leurs programmes qu’ils font à leur niveau tout en tenant compte de leurs programmes académiques. Ce qui complique la sélection de nos joueurs pour la représentation du pays. »
Manque d’infrastructures et de soutien : Au-delà des petites catégories, les infrastructures sportives se révèlent insuffisantes pour maintenir un niveau d’excellence. Les seniors, qui devraient disposer d’un environnement propice comme les salles de gym, salles de soin ne répondent aux normes ou sont quasi inexistants.
Prenons exemple sur le palais des sports où se jouent la plupart des compétions nationales. Le parquet, essentiel pour la pratique du basketball et d’autres sports en salle, montre des signes évidents de dégradation, avec des planchers abîmés qui rendent la pratique parfois risquée. Cependant, aucune initiative de rénovation n’a encore été entreprise officiellement.
Voici les témoignages anonymes reflétant l’impact des infrastructures dégradées sur les athlètes et les entraîneurs :
Témoignage anonyme d’un joueur de l’équipe nationale : « Le parquet du Palais des Sports, c’est un vrai problème. À chaque entraînement, on doit faire attention aux zones où le plancher est abîmé. Pour un athlète, évoluer dans de telles conditions, c’est courir des risques de blessure. Comment espérer rivaliser avec d’autres équipes africaines comme les pays du Maghreb ou du Nigeria… quand on ne peut même pas s’entraîner dans des conditions adéquates ? Ça affecte notre préparation et, forcément nos performances. »
Témoignage de Amara Traoré coach du Djoliba AC Dame et ancien entraîneur adjoint de l’équipe nationale Dame senior de basketball : « Nos joueurs donnent tout sur le terrain, mais ils méritent mieux. Il est difficile de préparer une équipe pour des compétitions internationales avec des infrastructures qui se détériorent chaque jour un peu plus.
Ce manque de soutien décourage aussi les jeunes. Ils voient que le sport ne bénéficie pas de l’attention nécessaire, et cela influence leur motivation. Si nous voulons des champions, il faut leur offrir des terrains et des installations à la hauteur de leurs ambitions. »
Ces témoignages soulignent que l’état des infrastructures impacte directement la motivation, la sécurité et les performances des athlètes.
Gestion du passage de la catégorie junior à celle de senior : c’est souvent mal préparé, avec un manque d’accompagnement psychologique, technique, physiques et juridique. En réalité, les conditions ne sont réunies pour avoir la main mise sur les professionnels qui brillent à travers le monde. Cette difficulté a été évoquée par le Coach Dicko dans une interview où il a énuméré les obstacles pour le Mali de former une équipe nationale senior performante au point de remporter les grands trophées mondiaux.
Il laisse entendre que la raison fondamentale, est dû au fait que la plupart de nos joueurs qui deviennent champions d’Afrique juniors, s’engagent avec les universitaires américaines tandis que ces structures ne reconnaissent pas le calendrier FIBA Afrique et n’ont aucune obligation envers la fédération malienne. Coach Dicko ajoute d’autres facteurs sur la gestion du passage de junior à senior. a-t-il clairement expliqué.
Donc, à partir du moment où les joueurs partent à l’étranger et découvrent les meilleures conditions entre autres les terrains, encadrement professionnel, les salles de gym de dernière pointe et perçoivent aussi une rémunération. A partir là, tout devient différent, tout est calculé, le moindre détail. Attention quand je joue, si je me blesse, qu’est ce qui va se passer ? Imagine quand tu convoques un joueur des USA pour l’équipe nationale, dans des conditions de voyage difficile avec beaucoup d’escales, tous ces paramètres peuvent entrer en compte sur le plan psychologique.
En vérité, au Mali les juniors sont différents des seniors. Les premiers se battent pour se faire démarquer et avoir la chance de jouer à l’étranger où ils sont bien payés et traités. Par contre, les seconds ont déjà ce privilège ou d’énormes avantages donc ils jouent avec réserve dans l’équipe nationale. La solution est de cultiver le sens du patriotisme chez eux (seniors) pour qu’ils puissent s’engager d’avance pour le pays.
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